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Gertrude au Mexique
22 avril 2010

Indiana Gertrude chez Bubba Gump

Je ne sais plus exactement comment m’est venue l’idée qu’aller à Mexcaltitan, Nayarit, était l’idée du siècle. Je me souviens que c’est René, le british rencontré à Batopilas qui m’en a parlé lorsque je lui ai dit que je me rendais vers Mazatlán. Soit. Mais pourquoi j’ai suivi cette idée fixe qu’à Mexcaltitan, c’était si génial? Je crois bien avoir un élément de réponse en repensant à la déception causée par l’ambiance qui régnait à la zona dorada de Mazatlán, mais de là à m’imaginer que Mexcaltitan serait le paradis sur terre, comment ai-je fait?

Récapitulons. Je quitte Mazatlán ce jeudi matin aux environs de 09:00 a.m. Devant la parada du camion menant à la central de camion (soit l’arrêt de bus menant à la gare routière en français) un Mexicain me fait la causette. Il va aussi vers Mexcaltitan, dont il est originaire. Il me dit que le trajet que je compte faire (et que j’ai mis assez longtemps à déterminer : Mazatlán > Tepic > Tepic central TNS > Santiago Ixcuitlan > La Batanga > Mexcaltitan) n’est pas optimal. C’est vrai que descendre jusqu’à Tepic pour remonter 1h30 au-dessus à Santiago, ça sonne un peu crétin comme ça, mais je fais avec les infos que me donnent le Lonely Planet sur cet itinéraire. Manuel, le Mexicain, me propose de le suivre dans un bus vers Peñas ou Peñitas, quelque chose comme ça, plus près de Mexcaltitan que Santiago selon lui.
Sauf qu’il y a 2h d’attente pour le camion qui y va… et que j’ai pas du tout envie de faire la causette à Manuel, qui, lui, semble être bien parti pour… Que voulez-vous : une envie d’être seule, ça ne se justifie pas. Je préfère donc partir plus tôt, pour plus cher et pour un trajet plus long que de me coltiner le Mexicain bavard pendant 5h de trajet.

Je monte donc m’installer dans le camión (comprendre "bus" à chaque fois que je dis camion, sauf si je vous dis “un vrai camion”, alors là, ça voudra dire qu’il s’agit d’un camion comme vous et moi avons l’habitude d’en voir… bref) de la TAP (Transportes Autobuses del Pacifico) pour Tepic à 10:00. Il nous faudra 4h pour rejoindre Tepic. À la sortie de la ville, j’ai vu Manuel héler le camion pour monter dedans… Aïe! En bonne française de mauvaise foi, je me suis soigneusement appliquée à faire semblant de lire de manière concentrée (avec sourcil froncé). Ca marche : il ne se met pas à côté de moi!! Oui, j’ai un peu honte de moi, mais comme je vous l’ai dit : 5h de trajet!

La route est agréablement nature et de l’autre côté de la vitre se succèdent champs d’agaves bleus à perte d’horizon, champs de manguiers par centaines (le Nayarit, c’est un peu le Limousin de la mangue) et des lagunes peuplées d’aigrettes. Le temps est extrêmement nuageux, les nuages donnent l’impression qu’ils vont se vider de toute leur eau au-dessus de nos têtes.

Arrivée à Tepic à 14:00, il me faut pas loin de 20 min pour réussir à choper un camion vers la central Transportes Norte de Sinaloa (TNS) située dans le centre, et oú se trouvent les départs pour Santiago Ixcuitlan. Tepic est une bourgade bien mexicaine. Après l’afflux de voyageurs internationaux de Creel et l’afflux de gros touristes américains de Mazatlán, à Tepic, on se croirait un peu “revenus au pays”.
Je suis la seule non mexicaine depuis ce matin et dans la soute des camions, il n’y a qu’un seul bagage : le mien. Je sens que je vais bientôt changer de décor radicalement.

Arrivée à Santiago, je récupère mon bagage en soute toute seule sans l’aide de personne : et b’en rien que ça, c’est surprenant.
Bien sûr, il est 17:00, j’ai loupé le dernier collectivo qui se rendent à l’embarquadère de la Batanga (car ce que j'ai zappé de dire, c'est que Mexcaltitan est une île minuscule rejoignable en traversant la lagune en lancha). Obligée donc de prendre le taxi (y a rien d’autre) que je réussis à négocier 100 au lieu de 150 MXN, mais à mon avis c’était quand même plus cher que le tarif appliqué pour les Mexicains.
Le trajet dure 30 min. Le chauffeur Cesar est gentil. Il me pose pleins de questions : pourquoi je suis seule? qui je vais retrouver, bla bla. J’invente les réponses bien sûr : je ne suis pas seule, je rejoinds un ami : pipo pipo pipo…
Cesar joue dans un groupe de musique traditionnelle appelée Banda : Cohuich. Je vous mets le lien vers leur myspace, ça vous permettra de vous rendre compte par vous-mêmes de ce qu’est la musique très populaire en ce moment au Mexique.

J’arrive enfin à l’embarcadère ou, bien entendu, j’ai loupé les derniéres lanchas collectives à 10 MXN. Ne me reste plus qu’à loué une lancha privée à 70 MXN… Le trajet commence à me revenir cher!

Sur la lagune, je me prends pour Indiana Jones. On se croirait en Amazonie ou dans le Bayou en Alabama, bien que je ne sois jamais allée dans ni l’un ni l’autre. Ca ressemble un peu à un futur lieu de tournage pour Koh Lanta aussi… J’avais encore jamais navigué sur une lagune, et b’en c’est drôlement beau et sauvage.

Je m’acquitte de mon du et me met en quête du seul hotel de l’île. Vu que c’est tout petit minus, c’est  pas bien difficile. La nuit dans cet hôtel avec vue sur la lagune me revient à 150 MXN. Bien sûr le lit est dur comme bois, il fait 30º dans la chambre, fenêtres ouvertes et… bah ça sent la crevette, spécialitée de Mexcaltitan… et plus bizarrement ça sent fort la cacahuète aussi…

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Tout comme Indi, j'ai moi aussi un chouette chapeau qui a la classe...

Mexcaltitan est très joli, complètement retiré, en plein coeur de la riviera Nayarit. Selon certains experts, Mexcaltitan serait le berceau ancestral des Aztèques, appelé Aztlán, qui signifie lieu des aigrettes en náhuatl, et elles sont légion par ici.

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Vue de l'hôtel Ruta Azteca

Le hic : j’ai l’impression qu’il n’y a pas eu de touristes féminines ici depuis genre 1953. Les gens semblent se dire : “Mais qu’est-ce qu’une fille comme elle fait ici toute seule?” Mexcaltitan : le lieu idéal pour porter ma fausse alliance ;)

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En résumé : une addition de temps et d’argent bien salée pour ce village de pêcheurs de crevettes assez énigmatique. Je déguste bien entendu de succulentes, et je pèse mes mots, crevettes au resto de l’Alberqua. Je ne sais pas comment organiser la suite de mon programme. La nuit me portera conseil. Ou pas.

En tous cas, j'ai la sensation que, depuis peu, je ne vais plus seulement dans les villes, les villes sont devenues non plus des destinations, mais des escales. J'enchaîne bus, camion, car, collectivo, taxi comme on enchaîne les alcools lors d'une bonne soirée, pour m'enivrer de la route. J'ai moins le nez dans le guide, je suis plus les conseils des autres voyageurs pour choisir mes destinations. Je pousse un peu plus la porte. Mais ça ne va sûrement pas tardé car je rentre bientôt à Guadalajara, ma Babylone à moi...

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Commentaires
P
... ça claque !<br /> <br /> J'ai un peu scotché sur les photos de Mexcaltitan grâce à l'ami google... merci de partager tout ça.
C
Merci encore pour ce beau reportage digne de " Thalassa " sur les crevettes Méxicaines . J'ai adoré le coup de la fausse alliance ; ça c'est digne de James Bond !!!
A
Si t'as toujours pas décidé, passe nous voir à Los Cocos ! On retourne à Tepic lundi, si tu veux un lift.
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